France élites à Reims (poids H) : Elemba Owaka, l’étoile du Congo
À Reims, Franck Elemba Owaka a fait honneur à son surnom de ‘‘gladiateur’’, hérité du lanceur Koga Danbayaoula au soir d’un mémorable meeting à Yaoundé en 2009. L’athlète de l’Entente Franconville Césame Val-d’Oise (EFCVO) a décroché avec un courage exemplaire la médaille d’argent au lancer du poids aux Championnats de France élites. Seul Gaétan Bucki, plus frais et titré pour la quatrième fois d’affilée avec 20m01, a réussi à le devancer.
«Cette médaille restera un grand souvenir, car j’ai réussi à améliorer de 8 centimètres le record du Congo-Brazzaville (19m22 au 5e essai). Vu les conditions, c’est exceptionnel ! La veille, je remportais la Coupe du Trône à Fès au Maroc avec 18m61. Peu après, à 5h du matin, je prenais l’avion pour la France, puis le train et enfin le mini-bus pour participer à ces ‘‘France élites’’. Je n’ai quasiment pas eu le temps de manger et de m’échauffer. Et pourtant, j’ai réussi le meilleur jet de ma carrière…sous la pluie !», raconte le lanceur, qui a rejoint l’EFCVO en 2013.
Champion majeur en judo
«Je remercie mon frère Florac, ancien International du triple saut, de m’avoir convaincu de faire de l’athlétisme. Au début, en 2006, ce n’était pas une évidence. Je croyais que mon destin était tout tracé en judo, une discipline qui m’avait déjà offert de nombreux titres nationaux. Mais avec l’aide de mon coach, Vincent Mouyingam, j’avais réussi à battre le record de ma région au poids après seulement trois mois d’entraînement. Le déclic !», témoigne l’athlète âgé de 23 ans, qui ne cesse de progresser avec ténacité. Pourtant, l’année 2012 aurait pu tout briser.
Coup dur en 2012
«J’ai ressenti beaucoup d’amertume lorsque ma Fédération ne m’a pas retenu pour les Jeux Olympiques de Londres», reconnaît le lanceur congolais, pourtant quatrième des Championnats d’Afrique au Bénin cette année-là. «Aucun athlète de mon pays n’avait réalisé les minimas. Le nombre de sélectionnés est ainsi passé de quatre à deux (un garçon, une fille). Et le directeur technique a choisi un de ses protégés (le coureur de 100m, Delivert Kimbembé), qui n’était pas en forme», regrette-t-il.
Depuis, le ‘‘gladiateur’’ a pris sa revanche en participant cet hiver aux Mondiaux indoor à Sopot. Il pourrait faire encore mieux le 10 août à Marrakech, en étant le premier médaillé du Congo-Brazzaville depuis 32 ans aux Championnats d’Afrique. En 1982, son pays, qui s’appelait encore la République populaire du Congo et était sous tutelle marxiste-léniniste, avait eu sa première étoile : Théophile Clorico Nkounkou. Celui-ci avait même failli décrocher le titre continental sur 100m, revenu pour quelques millièmes de secondes à Ernest Obeng. Franck peut espérer être son héritier, puisqu’il est actuellement troisième Africain au bilan de la saison derrière le Nigérian Stephen Mozia (20m46) et le Sud-Africain Jaco Engelbrecht (19m53). Une heureuse conclusion est attendue dans le Val-d’Oise et dans son fief de Brazzaville, où il a grandi. Julien BIGORNE
Les résultats du poids :
> Finale : 1. Gaétan Bucki (Artois) 20m01 ; 2. Franck Elemba Owaka (Congo / EFCVO) 19m22 ; 3. Tumatai Dauphin (AC Salonais) 19m01 ; 4. Frédéric Dagée (Nice) 18m50 ; 5. Romain Gotteland (AS Aix les Bains) 17m44 ; 6. Stéphane Szuster (Amiens) 17m24 ; 7. Boris Vain (Amiens) 17m11 ; 8. Pascal Schwartz (Sarreguemines) 16m41.

